Starbucks : Le désamour des britanniques

Les anglais et Starbucks divorcent. La déception est telle que c'est presque la guerre.
Au Royaume-Uni, il y a le thé de 17 heures mais il y a surtout le café à toutes les heures. Comme nous, soit dit en passant. Installé depuis 1998 en Grande-Bretagne, la superstar des cafés, Starbucks, a conquis le cœur de nos amis britanniques. C'est devenu une belle histoire d'amour. Les fauteuils étaient beaux et doux, la musique apaisait les mœurs, le personnel était adorable et le café, une boisson divine. Alors que vous pouvez profiter du latte à deux euros dans nos Starbucks, les anglais profitaient de tout. Sauf que ces dernières années, le climat est plus tendu. En effet, vous n'êtes pas sans ignorer que la Grande-Bretagne a été durement touchée par la crise. C'est alors qu'un bel esprit d'unité s'est emparé du Royaume. Cependant, les autorités, et le peuple par la suite, se sont rendu compte que Starbucks n'avait pas toujours participé à l'unité économique du pays.
En 14 ans, la chaine américaine a payé 10.5 millions d'euros d'impôts. C'est assez léger. Starbucks est devenu "un ennemi du peuple" selon Caitlin Moran, du Times. Les habitués, mécontents de l'attitude de Starbucks, ont manifesté et distribué des tracts devant les cafés. Dès lors, les anglais ont vite vu que Starbucks avait perdu de sa superbe. Les fauteuils sont mous et fatigués, les toilettes toujours dans un sale état, et leur désamour les a fait détester le café. Celui des stations-service était devenu meilleur. Avec pas moins de 650 cafés dans tout le Royaume-Uni, Starbucks était un besoin vital. C'est une habitude. Sauf que c'est l'habitude de tout le monde. Caitlin Moran utilise le terme de "tiers-lieu". Tout le monde y va, c'est même trop de monde. Comment ne pas les comprendre. Un Starbucks est apaisant. Ils sont grands, chaleureux et chauffés. Starbucks appartient à tout le monde. Qui n'a pas passé des matinées, voire journées, entières avec un mocha, un magazine à la main et l'Ipad sur les genoux ? Les anglais l'ont fait aussi bien que nous mais l'aspect économique de l'entreprise déplait. D'ailleurs, l'ouverture d'un prochain Starbucks à Montmartre attire les mécontentements aussi à Paris sans gagner toutefois la fièvre britannique.